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Dans le ravissement du vivant
ce que je prends du monde

Avec l'âge je deviens de plus en plus un spectateur du monde, et n'y décèle de plus en plus qu'une absence de vérité.
Je tourne toujours en rond mais mes cercles sont de plus en plus grands.
Point de déception, de cynisme ou de rancoeur, ni de regrets mais une multitude de points de vue et de possibles.
Le passé est passé, seul le présent est là, qui m'enchante chaque jour de sa complexité et de la richesse de tous ses possibles contenus.
C'est dire la vie passionnante que j'ai à Thiron-Gardais.
Une seule chose m'y manque cet hiver : le grand froid et la neige.
Béatrice a bien voulu m'accompagner voir ailleurs (où il n'y eut d'ailleurs pas de neige non plus mais bien autre chose).
C'est ainsi nous dit la sagesse chinoise.

Mardi 29 décembre 2015



Kunstmuseum de Berne, 11h 15.

Je m'arrête devant Ad parnassum, un des rares grands formats peints par Paul Klee (en 1932).
.. Que représente cette peinture ? Une pyramide, la montagne des muses ou le Niesen ?
Nombreuses réponses comme autant de possibilités, mais aucune certitude, dans cette courte mais intéressante vidéo... Un modèle du genre.


Zentrum Paul Klee, 15h.





Belle réalisation (une fois de plus) de Renzo Piano, ouverte en 2005.
Pas la place de dire tout ce qu'il renferme d'unique.

De Paul klee je ne reproduirai ici que deux oeuvres : un dessin fait en 1895 à l'âge de 15 ans, dans un des nombreux carnets exposés ici, et une peinture faite 35 ans plus tard, en 1930 (Planche de couleur sur gris majeur).
J'aime Paul Klee et Francis Bacon qui lui n'aimait pas Paul Klee (je le cite : " Je sais que beaucoup de gens, réellement compétents en peinture, aiment énormément Paul Klee, mais il ne me dit rien du tout à moi. Je ne lui trouve rien d'attirant. Je trouve qu'il n'y a pas de volume dans ses tableaux, je suis même tenté de dire qu'il n'y a rien. " En ajoutant néanmoins, c'est à son honneur, : " Mais je suis prêt à admettre que c'est moi qui ne sais pas en apprécier les qualités, vu le grand nombe de gens qu'il passionne. cela dit, c'est peut-être parce que je n'en ai pas vu assez, et que j'ai vu plus de reproductions que d'originaux, que je n'aime pas Paul klee. Et ça m'intrigue et m'intéresse que quelqu'un comme Boulez puisse consacrer un livre à cette œuvre."
Je suis d'accord avec Bacon sur le fait qu'il faut voir les œuvres en vrai (comme il faut lire les livres pour en parler).
Ceux qui se posent la question ou veulent juger, peuvent se réjouir : ils pourront aller voir la grande rétrospective prévue au Centre Pompidou ce printemps à partir du 6 avril.
À noter pour les érudits ou spécialistes, que la célèbre aquarelle Angélus Novus, qui appartint à Walter Benjamin, sera là, le musée d'Israël à Jérusalem, ayant pour une fois donné son accord pour sa sortie !

Mercredi 30 décembre 2015,

Bâle,
Museum der Kulturen Basel
Exposition Holbein, Cranach, Grûnewald, (chefs-d'oeuvre du Kunstmuseum Basel)
10h40
.
Grande émotion devant ce tableau que je voulais voir depuis si longtemps : Le corps du Christ mort dans sa tombe, peint en 1521 par Holbein le jeune.
Mis volontairement à hauteur des yeux, je peux m'en approcher et voir tout ce que Holbein a peint et comprendre pourquoi ce tableau a été aussi commenté.

Museum für gegenwartskunst 14h 15.
Exposition Cy Twombly.

Mais aussi, au dernier étage, une exposition consacrée à Joseph Beuys, on l'on peut voir, une rareté, la vidéo tournée de sa célèbre performance, où il s'était laissé enfermer 3 jours, en 1974, dans une galerie à New-York avec un coyote.
On l'y voit débarquer d'avion enroulé d'une épaisse couverture de feutre, être transporté directement à la galerie où l'attendait le coyote, jusqu'à ce qu'on le ramène dans l'avion 3 jours plus tard.

Même s'il garde souvent sa couverture comme le montrent des photos connues, on s'aperçoit que ce n'est pas toujours le cas. Et c'est là que cela devient intéressant selon divers points de vue.
1- Sa performance était une vraie critique et sa position radicale vis à vis du marché de l'art, des galeristes ou des collectionneurs qui voulaient posséder un objet d'art. Une oeuvre d'art peut-être autre chose qu'un objet à fixer au mur ou à admirer dans une église, un palais, un musée, mais un geste, une action qui ne survivront pas à l'histoire autrement que par des clichés ou des témoignages. Cette performance porte comme titre : "I like America and America likes me".
2- L'artiste allemand a choisi le coyote car il est un des emblèmes des Etats-Unis (Bip Bip...). Il ne peut pas être apprivoisé comme un loup et peut se montrer dangeureux.
Au début l'animal ne l'aime pas, lui déchire le feutre, gronde, ne l'approche pas.
Au bout d'un certain temps, l'homme et l'animal s'habituent l'un à l'autre, se rapprochent peu à peu pour finir l'un avec l'autre près de la vitre et regardent ensemble le monde à l'extérieur.
3- Il faut remettre cette performance dans son contexte (il y a plus de 40 ans !). Pour Beuys qui aimait la nature, les Etats-Unis étaient le symbole de l'opposition entre l'homme et la nature et de la supériorité présumée de l'homme sur cette dernière. Il montre là qu'avec respect et communication il peut en être autrement, et que la place de l'homme peut être remise en cause.


Toujours dans ce même musée, dans un autre étage, une autre exposition nous attend avec de belles surprises : De Cézanne à Richter.
Je ne parlerai que de deux oeuvres étonnantes... la prochaine fois.